La Roche-sur-Yon. La Vigne a perdu ses Roses, les habitants sont en colère.
Incivilités, insécurité, dégradation des habitations, trafic de drogue, le quartier souffre de son enclavement, les habitants se sentent délaissés.
Le quartier de la Vigne-aux-Roses souffre d’une image historiquement négative sur la Ville, cela a toujours existé, mais, depuis trois quatre ans, l’exaspération semble être à son comble.
Construite dans les années 70, la cité de la Vigne-aux-Roses compte 570 logements. On y accède par la route de Luçon ou la rue de la Simbrandière.
Pas de commerces, mais des logements en plus…
Dans la cité même, il n’y a pas de commerce. Seule la mairie annexe, va partir dans les prochains mois, le centre numérique, un nouvel accueil des habitants et un foyer logement cohabitent avec les barres HLM dont l’aspect extérieur donne l’impression d’une cité propre, entretenue ce qui est le cas. Il ne faut pas entrer dans les appartements car c’est une autre histoire.
Certains ont des logements humides, d’autres ont des infiltrations d’air à cause de fenêtres pas étanches sans parler des VMC qui sont restés sans entretien pendant des années. Pour qui ? Pour quoi ? Ces appartements qui ne disposent pas de balcon et dont la sonnette est une simple sonnette de vélo, ont été partiellement rénovés dernièrement : les ballons d’eau chaude ont été changés ainsi que le lino dans les cuisines et les salles de bain pour un revêtement de moindre qualité posé sur l’ancien.
Le rond point de la Lune devait accueillir un bar, en vain. La boulangerie quant à elle a fermé il y a quelques mois et depuis, plus rien. Le Tabac-Presse est le seul commerce présent sur le « rond point parking » sous-utilisé alors même que les clients stationnent devant le commerce.
La superette DIA du Bourg-sous-la-Roche est fermée.
Côté logement un nouveau bâtiment flambant neuf a été construit à l’entrée de la rue des Frères Martel par Vendée Habitat dans le cadre de l’ANRU détruisant la magnifique entrée de cité dans un couloir d’arbres que les habitants appréciaient beaucoup. D’autres constructions d’habitations seraient envisagées le long du jardin de la Lune.
Le feu et l’eau
Entre les inondations au groupe scolaire du Pont Boileau, le feu dans les poubelles d’ordures ménagères et de corbeilles de papier dans certaines cages d’escalier, des tags… les dégradations indignent les habitants.
La vie la nuit
Le soir, surtout le week-end, les choses se gâtent, la police, quand elle est prévenue, intervient souvent plusieurs fois. La Police ? Oui, mais la Police Nationale car le soir et le week-end personne ne voit la police municipale.
Des jeunes squattant les halls d’entrée importunent les habitants désirant rentrer chez eux. Certains ont été agressés à l’arme blanche, mais n’osent pas porter plainte par crainte de représailles.
Le parking circulaire côté foyer logement a été, pendant de nombreux mois, éclairé par un seul lampadaire sur les trois qui auraient du fonctionner. Mails, appels téléphoniques ont été adressés à Vendée Habitat qui disait à chaque fois que cela allait s’arranger, en vain. Des trafics ont été constatés chez des jeunes envoyant des noms d’oiseaux aux forces de l’ordre tout cela à l’ombre des lampes grillées. Cela dit, les ampoules défectueuses ont été remplacées le jour même de la rédaction de cet article…
Suite à des révoltes d’habitants, pétitions, courriers, les décideurs (municipalité, police et Vendée Habitat) ont reçu les plaignants à deux reprises : une à l’hôtel de ville et une autre au Foyer Logement de la Vigne-aux-Roses.
Cette-dernière réunion a soulevé un véritable tollé chez les habitants qui se sentent incompris. La colère est palpable tous les jours dans la cité face aux institutions incapables de remettre de l’ordre le soir et le week-end notamment.
« La seconde réunion a été un fiasco, on s’est foutu de nous complètement » s’exclame une habitante très remontée contre le déni des forces de l’ordre représentées par le Commissaire de Police et la Mairie de la Roche. « Imaginez, on nous a parlé de la beauté de la Vallée Verte, du fait que l’on avait la chance d’avoir un cadre aussi agréable et de la fête des voisins alors que nous voulions avoir des réponses face à nos problèmes d’insécurité ! »
Cette réunion voulait réconcilier la population avec les institutions, ce fut un rendez-vous manqué, le « mieux vivre ensemble » a du plomb dans l’aile.
« La police et les médiateurs sociaux nous ont indiqué même ne pas avoir assez d’effectifs, comme si c’était notre problème » nous confie une habitante ulcérée par ce qu’elle a entendu à cette réunion. « Quant à la mise en place de vidéo surveillance, il n’en est pas question, cela coûte trop cher nous a-t-on dit ! Pourtant, il y en a place Nap’ pour surveiller des animaux en bois ».
Les habitants restent très très perturbés par le mépris qu’ils rencontrent. Personne ne souhaite être cité ici, tout le monde craint des représailles.
Même si les incivilités semblent s’être calmées les halls de certains immeubles sont toujours occupés par des jeunes « vous savez la drogue est très présente dans le quartier ».
Quand on leur parle de conseil de quartier et de la mairie annexe, là encore, la colère ne baisse pas : « Le conseil de quartier ? Oui j’en ai entendu parler, il parait même que certains habitent dans la cité. Ils ont travaillé sur l’aménagement de la place de la Liberté, rien à voir avec nous. Il faudrait que le conseil de quartier soit plus ouvert, plus efficace.»
Le quartier de la Vigne-aux-Roses n’existe pas en temps que tel. La cité existe et se trouve dans le quartier Vallée Verte / Liberté. Ne faut-il pas lui créer une identité spécifique ?
Que faire ?
Les habitants ne savent plus à quel saint se vouer. Certains attendent d’hypothétiques capacités financières pour réaménager leur appartement afin de quitter le quartier, d’autres attendent que cela s’arrange sans savoir comment et surtout sans plus rien attendre des institutions.
Quant aux prochaines élections municipales, « ils viennent nous voir quand ils ont besoin de nos votes mais notre voix n’est entendue par personne, non personne, ils s’en foutent complètement. Ils écoutent, ils acquiescent et rentrent dans leurs maisons ».
La Vigne et les roses qui ornaient le jardin de la Lune ont été enlevées. « Est-ce, un signe ? » s’interroge, une habitante…